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The global fashion magazine October 6, 2024 

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Un avec sa communauté

MODE Wiola Sychowska a découvert son amour de la mode post-apocalyptique en assistant à un festival. Aujourd’hui, elle crée pour la communauté qui partage son amour, ainsi que pour la mode cyberpunk et alternative – tout en étant durable, avec un objectif de zéro déchet. Jack Yan l’interviewe

Dans le numéro du décembre 2022 de Lucire KSA

 

 


La veste élaborée Second Skin de Wasted Couture
 

Wasted Couture (wastedcouture.net) s’est fait une réputation pour sa mode alternative, cyberpunk et post-apocalyptique, des créations qui sont généralement ignorées par la presse grand public, mais qui ont un grand succès. Basées en Pologne, les créations du label sont toutes fabriquées à la main et sont durables, sans aucun déchet.

Wasted Couture est l’idée de Wiola Sychowska, qui a fondé le label en 2016 – sans doute le premier en Pologne spécialisé dans ces genres, et certainement le seul que Lucire ait croisé en 25 ans qui s’y concentre. Par le passé, cette publication s’est penchée sur des éléments de cyberpunk, ou des designers (comme le Néo-Zélandais Nom D) qui publient des œuvres lunatiques et déconstruites, mais Wasted est singulièrement axé sur ce monde alternatif.

Il existe des festivals post-apocalyptiques inspirés de films tels que Mad Max et Waterworld, ainsi que de jeux vidéo tels que Fallout et Wasteland. Si l’on regarde un peu plus loin, de nombreux autres films entrent dans cette catégorie : Soleil vert de 1973 (qui se déroule dans une année 2022 surpeuplée), Cherry 2000 de 1987 (qui se déroule en 2017), ou même le curieux spinoff de téléfilm Knight Rider 2010 de 1994, qui ne ressemblait guère à la série des années 1980. Il existe dans le monde entier des festivals de culture pop, dont beaucoup touchent aux univers du jeu et du cosplay. Wasted s’adresse à ce marché, qui est incroyablement important avec une communauté mondiale, et fournit des tenues et des accessoires pour les industries de la musique et du divertissement.

Sychowska note que le genre n’est pas nouveau, l’imagerie post-apocalyptique apparaissant dans l’histoire ancienne, bien que sa forme actuelle dérive de la période qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, « inspirée par les guerres, les pandémies et les essais nucléaires ». L’écologie et le changement climatique étant plus que jamais au cœur de l’actualité, beaucoup se demandent ce qui attend l’humanité. Les craintes liées à l’intelligence artificielle viennent s’ajouter aux préoccupations. Il s’agit d’un domaine d’intérêt croissant : « Lorsqu’un nouveau volet de l’un de ces titres [Mad Max, Fallout] ou d’autres titres majeurs est publié, vous pouvez constater une augmentation de l’intérêt du public. On a pu le constater très clairement avec le cyberpunk à l’hiver 2020 ».

Sychowska elle-même ne se considérait pas comme intéressée par le genre, mais sa meilleure amie l’a convaincue de se rendre au festival Oldtown en 2014. Connu comme l’une des plus grandes attractions de la mode post-apocalyptique, organisé à Stargard, en Pologne, cet événement estival rassemble non seulement les amateurs de l’esthétique et du genre cinématographique, mais aussi les personnes qui veulent s’amuser et profiter de ses concerts. Il s’agit d’un événement immersif, qui dure 100 heures, et les participants peuvent jouer un rôle et avoir l’impression de participer à leur propre film.

Sychowska se souvient : « C’était le coup de foudre. J’ai été charmée par l’esthétique, impressionnée par la créativité des participants dans leurs costumes et leurs véhicules, et absolument fascinée par les possibilités infinies de conception que ce genre offre aux créateurs. C’est devenu ma nouvelle passion, et à peine un an plus tard, je suis revenue avec mes premiers accessoires faits main à vendre ».

Elle s’intéressait déjà à l’art et, enfant, elle aimait dessiner, peindre et créer. Mais à la fin de ses études secondaires, elle s’est heurtée à un dilemme. « Mes parents savaient que je rêvais d’être une artiste, mais ils m’ont encouragée à choisir un emploi sûr, pratique et stable à la place. C’était l’idée de ma mère que je travaille dans la police, et elle était ma plus grande autorité, alors, à 19 ans, j’ai suivi son conseil et choisi les études de sécurité publique », dit-elle.

Mme Sychowska a travaillé dans les forces de police pendant sept ans, tout en étudiant pour obtenir une maîtrise en sciences politiques. Son temps libre était consacré à ce qu’elle voulait faire dans son âme : l’art.

« Ce que je préférais, c’était de créer des vêtements alternatifs pour moi-même. Le week-end, j’allais aux festivals et aux concerts de mes groupes de musique préférés. J’ai commencé à entendre des commentaires positifs sur ma façon de m’habiller. C’est ainsi que toute l’histoire a commencé ».

Son label, qui existe depuis près de sept ans, a trouvé un écho dans les mondes cyberpunk et post-apocalyptique, et Mme Sychowska attribue son lien avec ses clients à un travail acharné.

Lorsqu’on lui demande, elle répond par trois facteurs. « Tout d’abord, c’est ma passion. Wasted Couture est mon rêve devenu réalité – je fais ce que j’aime et, par conséquent, je ne me lasse jamais de mon travail. Il y a des fois où je dois rester au travail tard ou pendant le week-end, et dans ces moments-là, cela peut être vraiment épuisant, mais la satisfaction compense l’effort. Je pense aussi que les clients peuvent voir que nos produits sont faits à la main avec amour, et ils apprécient vraiment cela.

» Le deuxième facteur est le soutien d’autres personnes. J’ai un mari formidable qui m’a soutenue dès mes premiers pas dans l’entreprise. Sa sœur [Jagoda Warych] est mon bras droit dans l’entreprise, et c’est la directrice logistique la plus responsable dont j’aurais jamais pu rêver. Au fil des ans, j’ai collaboré avec de nombreuses personnes extraordinaires, qu’il s’agisse d’artisans talentueux avec lesquels nous échangions nos compétences et nos connaissances, de spécialistes du marketing, du développement commercial, du service à la clientèle et d’autres aspects, ou encore de mannequins, de cinéastes et de photographes fantastiques qui ont créé de magnifiques images de nos créations. Des centaines de personnes ont laissé leurs empreintes sur ce projet, et je suis sûre que nous n’aurions pas pu aller aussi loin sans leur influence.

» Le troisième facteur est l’ouverture d’esprit. Il faut vraiment être à l’affût des opportunités et ne pas hésiter à tendre la main pour les saisir. Avoir une vision claire de la marque, faire preuve d’audace, essayer de nouvelles choses, ne pas abandonner en cas d’échec, ne jamais perdre de vue l’objectif ».

Humblement, Sychowska ajoute « une généreuse dose de chance » et « une pincée de folie ».

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En haut : Wiola Sychowska au travail, Ci-dessus : Dans la boutique de Wasted Couture.

 

Les univers de Wasted Couture et de Lucire se croisent à travers leurs objectifs de durabilité. Sychowska explique : « Nous nous efforçons d’être durables dans de nombreux domaines. Les tissus et les cuirs que nous utilisons sont pour la plupart recyclés – nous les achetons dans des friperies, nous les recevons d’amis ou de membres de la famille, ou nous récupérons les restes de production, par exemple d’une tapisserie. Nous utilisons également des matériaux très inhabituels, généralement considérés comme des déchets, tels que des pneus de vélo et des chambres à air usagés, des capsules de bouteilles ou des clous rouillés. Nous prenons soin de ne pas jeter les matériaux, nous récupérons même les plus petits rebuts et les réutilisons – nos modèles en patchwork sont parfaits pour cela. Nous en apprenons toujours plus sur l’approche ‹ zéro déchet › et nous incitons également les autres à l’essayer lors des ateliers d’artisanat que nous organisons ».

Les capuches fabriquées à partir de denim, de cuir ou de patchwork recyclés sont les meilleures ventes de Wasted. Sychowska les décrit comme « quelque chose de spécial que l’on ne peut pas trouver dans un magasin ». Les harnais se vendent également très bien, car ils peuvent être ajoutés à n’importe quelle tenue. Leurs gants en cuir arrivent en troisième position, tandis que les articles plus petits se sont vendus par centaines. Cependant, leurs vêtements sont particulièrement intrigants, d’autant que chaque article est unique et fabriqué sur commande.

Le fait d’être basé en Pologne permet de maintenir les coûts à un niveau bas, explique Mme Sychowska, grâce à un coût de la vie et de la gestion d’une entreprise moins élevé. L’ue soutient également les entreprises en expansion comme la sienne. Cependant, elle affirme que le travail de Wasted Couture n’est pas aussi apprécié localement qu’à l’extérieur de la Pologne, ce qui entraîne des exportations, bien que les choses soient en train de changer. « Je pense que les gens ici ne comprennent pas complètement la valeur de notre travail. Récemment, cependant, nous avons attiré l’attention au niveau local, ce qui nous donne de nouvelles occasions de présenter notre travail et nous aide à trouver de nouveaux partenaires commerciaux ».

Le fait que Mme Sychowska fasse partie de la communauté qu’elle sert contribue à l’authenticité de Wasted, puisqu’elle est devenue elle-même organisatrice du festival d’Oldtown et qu’elle y trouve davantage d’inspiration. « Les personnes étonnantes, talentueuses et créatives qui s’y réunissent sont une source d’inspiration inépuisable. Mais ce n’est pas la seule. J’ai participé à de nombreux festivals et événements post-apocalyptiques au fil des ans, comme Junktown en Tchéquie ou, tout récemment, l’incroyable Wasteland Weekend en Californie. Mais le plus grand avantage de ce genre est que l’on peut trouver de nouvelles idées n’importe où. Une convention de fantasy, une exposition de science-fiction ou des vacances au Maroc ont été des influences majeures pour mon travail au fil des ans ».

Mme Sychowska voit l’avenir de son label comme une progression logique de sa situation actuelle et, d’après ce que Lucire peut discerner, il va dans la bonne direction. « Notre rêve est de travailler avec les entreprises les plus importantes du secteur du divertissement. Nous voulons également voir nos créations portées par des célébrités sur le tapis rouge. C’est une vision ambitieuse, mais comme je l’ai déjà dit, nous travaillons très dur et, étape par étape, nous atteignons tous les objectifs que nous nous sommes fixés. Et tout au long de ce processus, nous restons fidèles à notre passion, nous développons constamment de nouvelles compétences, nous accordons une attention obsessionnelle aux détails, même dans les plus petites commandes, et nous prenons soin de fournir un service clientèle de premier ordre. Avec cette approche, je crois que tout est possible ».

 

 

Jack Yan est fondateur et éditeur de Lucire. Traduit par Alexander Guy.

 

 

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